dimanche 15 août 2004

La langue, une barrière insurmontable ?

La langue, outil que l'on apprend à manipuler dès son plus jeune âge, nous paraît être une chose naturelle et intuitive... Bercés depuis bien longtemps par des sonorités conditionnant notre ouïe, les Français sont en règle générale les parents pauvres de l’ouverture sur le monde. Sûrement pas nombrilistes, mais bien handicapés par des « en », « on », « an », notre perception des certains sons en est altérée. Bref, on n’est pas aidé… ;-)

Les Français sont mondialement connus pour leur industrie du Luxe, les produits de grandes qualités mais surtout pour leurs difficultés à s’approprier une langue étrangère. Difficile pour nous de prononcer les "h" allemands, de différencier les "ch" et les "sch"*. Ne parlons pas des "th" anglais, nous nous trouverions encore ridicule.
Tout cela pour faire le constat affligeant que la belle langue française ne nous aide pas (physiologiquement) à acquérir les bons réflexes d’une prononciation parfaite. Premier obstacle difficile à franchir**, voire insurmontable.
Mais ce n’est pas terminé… Étranger que je suis, la vie quotidienne est un combat permanent. Toujours le même défi : comprendre et se faire comprendre. Certes, avec le temps, la tâche devient plus aisée mais c’est sans compter sur les capacités d’adaptation de chacun. Si au départ, tout le monde vous considère comme un novice en la matière, toutes les personnes (presque que toutes en fait) que vous croisez font preuve d’une patience et d’une compréhension quasi effrayante. Dès que « vous entrez dans le paysage », la donne change. Je ne sais pas s’ils considèrent que le fait d’être là depuis quelques mois vous conditionne forcément à être bilingue, mais visiblement, l’amalgame est rapidement fait. ;-) Or, si l’oreille se forme à des nouvelles sonorités, la quantité de vocabulaire et autres structures idiomatiques abracadabrantes n’augmente pas de manière exponentielle. Bilan : vous comprenez ce que l’on vous dit (phonétiquement) mais de là à saisir le sens, il y a encore du chemin à parcourir.

Alors, si la langue, après quelques mois, n’est vraisemblablement plus une barrière insurmontable, elle reste toutefois un obstacle des plus gênants lorsque, comme moi, parler et communiquer*** est une activité quasi vitale. :-)

Finalement, il y a encore des défis à relever pour moi ici même si parfois, le vague à l’âme et le laisser-aller me pousse vers la solution de simplicité : se taire et voir venir. Mais bien entendu, il ne s’agit assurément pas de la meilleure solution.

* Si vous voulez connaître la différence phonétique entre le "ch" et le "sch", comparez les mots "Kirsche" et "Kirche", signifiant respectivement "cerise" et "église". La différence est infime mais perceptible pour une oreille attentive. Ce serait un plaisir pour moi de vous en faire la démonstration. Tout est une question de langue et de palais. ;-)
** Plusieurs études scientifiques ont montré que la pratique de la langue française provoquait un effet de masquage sur certains sons et que de ce fait, l’oreille "française" éprouvait plus de difficultés à les percevoir.
*** Je reviendrai dans peu de temps sur la question épineuse de la langue et de la communication.

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