mercredi 13 octobre 2004

Quand l'éloge de la paresse prend les devants...

Bonjour Paresse est tout sauf un livre qui se lit légèrement. Rien que pour en annoncer la couleur, l'auteur, Corinne Maier, n'hésite pas à y mettre les formes. De l'art et de la nécessité d'en faire le moins possible en entreprise peut-on lire sur la couverture, sous-titre interpellant le lecteur, et qui plus est, jeune diplômé et cadre que je suis.
[Ce livre] vous expliquera pourquoi votre intérêt est d’en faire le moins possible, et comment plomber le système sans en avoir l’air.
Bref, le ton est lancé : critique, acerbe, acéré, vif. Rien que ça pour juger le monde de l’entreprise sous toutes les coutures, véritable chemin de croix pour certains, traversée interminable du Styx menant au repos bien mérité qu’est la retraite pour d’autres. La vision de cette fonctionnaire employée à temps partiel chez EDF n’est guère joyeuse. Tout est mauvais dans l’entreprise, elle nous exploite, nous avilit au plus au point. Inutile d’y chercher une quelconque reconnaissance, l’estime de soi peut être rangée au placard. Voilà le triste requiem qui est chanté.
La boîte de Pandore a été ouverte. Espérons qu’il subsiste tout de même l’Espoir comme le voudrait la légende car l’univers dépeint dans ces pages est tout sauf l’Eden rêvé de tous qui permettrait un véritable accomplissement de soi ainsi qu’un épanouissement certain. Il s’apparente bien plus à un univers carcéral ou l’employé n’a aucun choix sinon celui de se couler dans le moule, se conformer à l’apathie ambiante. S’adapter en somme mais malheureusement dans le sens coercitif du terme et non dans l’idée d’évoluer. Ainsi, lorsqu’il devient question de la valeur des diplômes acquis, on peut y lire qu’ils ne servent que de garantie « sociale » et non en tant que précieux sésames certifiant qu’un ensemble de connaissances et de compétences fondamentales ont été assimilées.
Seul l’élève qui a eu la capacité de supporter un nombre donné d’années d’études, la stupidité de ses maîtres, l’instinct grégaire et l’esprit d’imitation de ses camarades sera capable de supporter une trentaine de vie d’entreprise, de langue de bois et de tâches répétitives !
Certes, les constats faits dans ce livre ne sont pas tous faux. Cependant, de ma maigre expérience, je peux confirmer ou infirmer certaines idées. Ce n’est pas le lieu pour faire un réquisitoire contre ces pages qui se veulent avant tout polémiques et choquantes pour que l’on parle d’elles. Et puis, le style catalogue ne me plaît guère. Mais l’un de ce qui me fait bondir est le suivant :
L’union de WSFL et Xlang est tout aussi importante que les deux nouveaux protocoles. L’intérêt majeur des services web, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du firewall, résidera dans le développement d’applications XML ad hoc. BPEL4WS offrira une méthode plus standardisée pour y parvenir, simplement en fusionnant deux langages déjà connus. Mais il semble que l’on a négligé dans les travaux de développement divers protocoles de processus opérationnels B2B frontaliers, notamment le protocole ebXML, le langage BPML et la toute nouvelle interface WSCI.
Je vois certains lecteurs qui se sont endormis sur leur chaise. De quoi s’agit-il ? Quand on lit de telles phrases, on se sent bête, et c’est probablement à cela qu’elles servent, à nous faire toucher du doigt notre infériorité.
Raccourci aisé, bêtise humaine incommensurable, incompréhension totale, amalgame farfelu. Voilà qui est dit. Son argument manque de justification. Il s’inscrit directement dans le cadre d’une critique des NTIC (cf. p. 62) et a pour but de démontrer le flou artistique laissé « volontairement » par « la web-tribu ». Et on voit qu’elle n’y comprend vraiment rien car les associations de mots sans aucun sens sont bien présentes. Je dirai simplement que chaque domaine, si pointu soit-il, a ses spécificités qu’il n’est pas si évident d’assimiler. On pourrait alors facilement faire le parallèle avec une langue étrangère (tiens, quel bon exemple ;))...
Alors, plutôt que d’accepter d’emblée ces mises au point, il me paraîtrait plus naturel d’essayer de les comprendre pour faire évoluer la grande entreprise vers un humanisme certain. Peut-être est-ce une utopie… Cela doit sûrement être du à ma courte expérience. Mais que cela soit dit, ce ne sont pas les « Anciens » qui changeront quoi que ce soit car ils sont trop bien campés dans leurs privilèges pour accepter le moindre changement ou alors craignent de ne pouvoir évoluer. Idéalisme certain, mais toutefois les pieds sur terre, il m’est évident que l’Albatros qu’est l’entreprise est bien certainement handicapé par "ses ailes de géant [qui] l’empêchent de marcher", en d’autres termes, son inertie.
En résumé, véritable procès contre l’Entreprise en tant qu'institution, Bonjour Paresse ne cache aucunement griefs et reproches qu’il a à adresser. Triste constat, résultat d’un attentisme et d’un immobilisme consternant. La société change, les mœurs également mais le monde du travail n’évolue guère. Certes les grande théories de management sont régulièrement réactualisées, mais rien n’y fait…
Ce 21me siècle est bien malheureusement le cadre d’une mise en demeure du travail. J’ai la triste impression que personne ne veut le valoriser, et pourtant… la moitié de notre vie, nous travaillerons. Autant prendre le taureau par les cornes ou alors, se laisser aller à une critique sans vergogne de son environnement professionnel (collègues, travail, tâches à effectuer, etc.) comme Max. Je préfère nettement la première solution !!!
Travailler n’est plus à la mode. Aimer son travail l’est encore moins. La mode, simple phénomène de marée qui nous apporte chaque fois de nouvelles choses, ressac incessant. Et pourtant, je suis intimement persuadé qu’il fait partie intégrante d’un phénomène d’accomplissement et d’affirmation de soi, à même hauteur que la musique, la lecture, l’écriture et toutes autres activités annexes ne répondant pas nécessairement à un critère de productivité. Simplement, tout est une question d’intérêt, de motivation... Se construire pour se trouver et réciproquement...

1 commentaire:

bato a dit…

Mais euuuh, c'est très bien max.

Pour moi, ca reste un défouloir comme un autre, très proche de ce que peut faire Easton Ellis ou Palahniuk (gros coup marketing ou bloggeur authentique, btw ?).

Le principe d'un tel blog, ce n'est pas de dire ce qui va bien, mais de se défouler sur tout ce qui va mal...et elles sont nombreuses les choses qui vont mal. Il ne faut pas croire, pour beaucoup de personnes, un boulot, tout aussi bien payé qu'il soit, reste une obligation et non un plaisir. Et des fois, ca fait du bien de se défouler ou de glander un peu.